Annoncé comme le retour de Ridley Scott à la science-fiction (jusque-là c'est vrai), doublé d'une aura de mystère concernant son rattachement à la saga Alien (ce qui est déjà plus sujet à débat) et finalement encensé comme une œuvre phare du genre au sujet universel et au rendu exceptionnel (on se demande quelles références on les journalistes, et surtout s'ils les ont bien comprises...), Prometheus n'est même pas, selon un oxymore parfois utilisé, "un chef-d'oeuvre raté" : non, Prometheus est un échec total en ce qui concerne le traitement de son histoire, son montage contraire à toute fluidité narrative et son interprétation incroyablement plate voire inexistante.
Le comble ! Le maître-d'oeuvre de Alien et Blade Runner, deux films dont la genèse, la préparation et l'exploitation (en ce qui concerne le second) ont été mises à rude épreuve se complaît à présenter un film à la facture visuelle certes de qualité (design de Giger, photo de Dariusz Wolski) mais qui ne masque en rien la pauvreté de son déroulement et de sa substance. Si l'idée de la découverte d'une origine extra-terrestre de l'humanité est en soi un postulat plus que réjouissant au regard du genre S.F., les choix narratifs discutables des scénaristes et la mise en scène bancale du réalisateur court-circuitent toute empathie pour le sujet. Pire, le casting d'une incroyable inanité (on fera exception du personnage de Michael Fassbender dont la prestation s'avère dans l'ensemble réussie) achève toute sensation de suspension of disbelief nécessaire à l'immersion totale.
Et que dire de ces séquences toutes plus téléphonées les unes que les autres (la scène de l'auto-avortement, inutile et cheap, si ce n'est pour "servir" un twist final tout aussi tiré par les cheveux), de ces ellipses constantes (quid de la tentative d'insémination avec l'adn de l'"alien" ? Une manipulation de la Weyland Corp ? Même pas !...) ou de ces concessions aux gimmick dignes d'un slasher Z ? ("Bon nous on en a marre on s'en va par là ! Ah ouais mais ça craint par là...! Ouais...mais non..."). Inutile d'énumérer les séquences, la majorité n'étant qu'amorces de sous-intrigues ne menant finalement nulle part.
Bref, Ridley Scott embourbe son sujet dans un imbroglio narratif digne d'une production direct-to-video, cumule les poncifs, néglige ses personnages et rate même le raccord à une "mythologie" qu'il a défini il y a plus de 30 ans. En gros, vous pouvez économiser vos sous, la révélation S.F. du XXIe siècle n'est pas pour aujourd'hui...
1 commentaire:
merdalor, je voulais aller au cinéma, pour une fois ... je me réserve pour le Burton alors
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