mercredi 26 novembre 2008

Novit enim Dominus qui sunt eius

Sorti peu avant le plus "accessible" et le plus mélodique de leur album, Selfless, ce ep de Godflesh est la preuve enregistrée que le duo de Birmingham était véritablement inclassable. Se concluant sur un superbe et hypnotique remix ambient de "Don't Bring me Flowers" (tiré de Pure, 1992), Merciless offre également deux incursions malades dans un domaine ouvert autant sur l'expérimental que l'électro ou la drum'n'bass, bien entendu passé à la moulinette Godflesh. Mais le coup de semonce, également coup fatal, c'est le sublime morceau éponyme qui ouvre le disque. "Merciless" est avant tout un vieux morceau de Fall of Because, formation pré-Godflesh dans laquelle Justin Broadrick tenait les baguettes. Un morceau retravaillé donc, au tempo alourdi par l'écrasant riff de guitare, le rythme sentencieux de la drum machine et cette basse au son incroyable que l'on croirait droguée à Killing Joke et Big Black. "Merciless", c'est très certainement la fin de l'Être : cette fin que l'on passe sa vie à repousser en vain pour au bout entrevoir en elle la solution à tous nos maux. Pachydermique est le mot, entre la section rythmique plombée, le riff massif qui triture les tripes et la voix angélique de Broadrick qui s'écoule comme un esprit hors d'une enveloppe charnelle.


Show no mercy, Kicked me to the ground
Felt no pain, You're deaf to every sound

Un mastodonte s'érige et se dresse devant la lumière, fait trembler le sol de ses membres d'ivoire et écrase les restes de résistance. La douleur n'est plus, elle est diffuse et impitoyable.

dimanche 23 novembre 2008

On s'amuse comme l'on peut

Pour les téméraires qui aimeraient aborder la série Hellboy, voici une chronologie qui débute uniquement à la naissance du personnage. Elle replace par année les événements auxquels ce dernier est directement lié, les publications concernées et la première édition américaine de chaque collection dans lesquelles on peut les retrouver. Cliquez sur l'image à gauche pour voir le résultat. Les crossovers avec d’autres personnages de comics, les séries Weird Tales, Hellboy Jr., Hellboy Animated ne sont pas pris en compte ici, n’étant pas officiellement rattachés au canon de la mythologie Hellboy.De même, si certains événements se déroulant dans les nouvelles publiées en recueils sont quant à eux bien reliés au canon de la série dans le Hellboy Companion (2008), ils ne sont pas rapportés ici, exception faite de The Nuckelavee qui a fait l’objet d’un dessin pleine page dans un magazine spécial publié par Dark Horse, dessin reproduit ultérieurement dans le Art of Hellboy (2003).


Cette petite chronologie peut être lue comme une adaptation de la bibliographie officielle éditée dans le Hellboy Companion, avec l’inclusion des romans et d’une partie de la timeline de Hellboy (sont donc absents les événements n’ayant pas fait l’objet de version comic-book).


Enjoy !

mercredi 19 novembre 2008

Moloch on the rocks !

AW...CRAP ! On ne l'espérait plus, mais c'est bien arrivé : Mike Mignola est retourné à sa planche à dessins pour concocter un one-shot pour son célèbre singe rouge. Et pour cause : depuis la dernière série en date, Darkness Calls (L'Appel des Ténèbres en français chez Delcourt), Mignola a laissé le crayon aux mains de Duncan Fegredo, considérant qu'il était lui-même trop lent au regard de la masse de projets en développement (scénarii pour Hellboy donc, mais aussi, B.P.R.D. et les divers spin-off en cours ou en préparation). In the Chapel of Moloch est ainsi la première histoire d'Hellboy qu'il dessine depuis 2005 et les deux chapitres de The Island (parus en français dans le recueil Le Troisième Souhait, toujours chez Delcourt). Et l'on peut sans exagérer dire que l'attente valait le coup. La maîtrise de l'espace, des clair-osbcurs et le découpage typique de Mignola servent à merveille cette histoire de peintre possédé par une ancienne divinité maléfique. Hommage à Goya et ses visions de sorcières et autres démons particulièrement vivaces, ce nouveau comic-book démontre à quel point Mignola est passé maître de l'histoire courte (format qu'il préfère entre tous en ce qui concerne ses propres lectures). Sa plus grande réussite ici est sans aucun doute l'atmosphère particulière de décrépitude et de corruption qui émane du lieu investi, une vieille chapelle en ruine tout aussi perdue que le village dans lequel elle est sise. Le badinage de Hellboy, le rythme intelligent et le final énergique font de cette nouvelle aventure du passé du singe rouge (située en 1992, au sud du Portugal) une lecture de choix. Souhaitons qu'il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour profiter du trait de Mignola et du superbe travail de son coloriste attitré, Dave Stewart, sur une nouvelle histoire complète. En attendant, le premier numéro (sur huit prévus !) de la prochaine mini-série, The Wild Hunt, paraîtra le 3 décembre prochain chez Dark Horse, mini-série qui annonce des changements fondamentaux dans l'univers d'Hellboy.