lundi 23 mars 2009

Nature et mouvement

Pour son troisième album Northaunt intègre la famille Cyclic Law qui depuis 2002 exprime des manifestes sonores parmi les plus mémorables de l'ambient moderne, et plus particulièrement en offrant un nouveau creuset pour le "courant" Nord Ambient (voir à ce propos la compilation éditée par ce même label). Avec ce Horizons à la beauté aride, le Norvégien Haerleif Langas modifie l'architecture de son projet mais en conserve bien heureusement l'essence, celle remarquablement révélée sur le précédent opus, Barren Land. Ainsi cette mélancolie profonde que les arrangements mélodiques et le recours subtil à des instrumentations acoustiques valorisaient à merveille se mue en un voile de textures plus minimalistes et plus rêches de prime abord. Horizons tend vers l'abstraction sans forcément y céder et c'est assurément là que se situe sa caractéristique la plus emblématique.

Ca et là des éclairs mélodieux viennent ponctuer cet univers intimidant, permettant d'identifier à coup sûr la musique de Northaunt tel le piano sur le final de "Until Dawn Do Us Part" et de constater que les atmosphères se parent d'atours plus sombres et mystérieux ("Horizons", marqués par des réminiscences de l'album précédent). A l'image des visuels tout en clair-obscur du digipack, c'est une vision plus impénétrable que la mélancolie presque organique de Barren Land qui nous est offerte : la preuve en son avec ce "Night Came to Us" long de 15 minutes, angoissant et évolutif voire son pendant plus apaisé, "Night Alone". Northaunt nous offre même un voyage visuel avec une vidéo d'un mix différent du titre "The Wilderness", associant l'image au procédé du "field recordings".



Plus massive et abrupte en terme d'émotions, l'ambient de Horizons perpétue la singularité du Norvégien en matière d'utilisations des nappes et des drones, de mélodies qui surgissent de nulle part et qui offrent aussi furtivement que cela soit un contrepoint poétique dans cet univers fascinant. Des sons sculptés à même la terre et le roc qui à leur tour répercutent un écho infini à ciel ouvert et dans l'immensité des terres sauvages. Du très grand art de la part d'un des projets essentiels en matière d'ambient, pour ne pas dire l'un des plus importants depuis Biosphere.

*Ce texte est une version remaniée d'une chronique publiée sur Guts of Darkness en juin 2006.

2 commentaires:

RobbyMovies a dit…

Bon sang quel morceau magnifique !!!!
TRès bonne idée d'illustrer l'article avec du son.

El Marco a dit…

Oui je me suis dit que ça serait plus "parlant" :)