mercredi 26 novembre 2008

Novit enim Dominus qui sunt eius

Sorti peu avant le plus "accessible" et le plus mélodique de leur album, Selfless, ce ep de Godflesh est la preuve enregistrée que le duo de Birmingham était véritablement inclassable. Se concluant sur un superbe et hypnotique remix ambient de "Don't Bring me Flowers" (tiré de Pure, 1992), Merciless offre également deux incursions malades dans un domaine ouvert autant sur l'expérimental que l'électro ou la drum'n'bass, bien entendu passé à la moulinette Godflesh. Mais le coup de semonce, également coup fatal, c'est le sublime morceau éponyme qui ouvre le disque. "Merciless" est avant tout un vieux morceau de Fall of Because, formation pré-Godflesh dans laquelle Justin Broadrick tenait les baguettes. Un morceau retravaillé donc, au tempo alourdi par l'écrasant riff de guitare, le rythme sentencieux de la drum machine et cette basse au son incroyable que l'on croirait droguée à Killing Joke et Big Black. "Merciless", c'est très certainement la fin de l'Être : cette fin que l'on passe sa vie à repousser en vain pour au bout entrevoir en elle la solution à tous nos maux. Pachydermique est le mot, entre la section rythmique plombée, le riff massif qui triture les tripes et la voix angélique de Broadrick qui s'écoule comme un esprit hors d'une enveloppe charnelle.


Show no mercy, Kicked me to the ground
Felt no pain, You're deaf to every sound

Un mastodonte s'érige et se dresse devant la lumière, fait trembler le sol de ses membres d'ivoire et écrase les restes de résistance. La douleur n'est plus, elle est diffuse et impitoyable.

1 commentaire:

gulo gulo a dit…

mortel morçal en vérité ; et les deux petits funks carbonisés qui suivent sont fort sympathiques